Felicia&Hazel ~ Retrouvailles et bons(ou mauvais) souvenirs...

Il y avait des choses dont je me demandais si elles valaient la peine d'être vécues. En effet, cette journée n'avait pas été des plus passionnantes. J'étais à peine rentrée chez moi que je me jetais sur mon lit, me demandant ce que j'allais faire de ma soirée. Une petite chasse, peut-être? Le goût du sang pourrait, pour un temps au moins, me faire oublier mes soucis, mais non, j'oubliais cette idée, bien que j'étais tentée d'aller le faire. Le dernier sang que j'avais avalé n'était pas terrible, on pouvait se demander ce l'homme en question mangeait, à moins que cela ait quelque chose à voir avec son groupe sanguin... M'enfin, inutile de m'apitoyer sur son sort, je l'avais laissé partir en lui effaçant sa mémoire, donc aucun risque qu'il se souvienne, à moins que... non, impossible, s'il avait ingéré de la verveine, je l'aurai senti en buvant son sang, mais pas une seule trace.

Il se faisait tard, je sortis mon portable de la poche de ma veste en cuir noire, et regarda l'heure: 22h 43. Je partis prendre une douche rapide, puis enfila un t-shirt et un jean avant de sortir. Je marchais désormais dans la rue, en pleine nuit noire, puis vit un trio de jeunes garçons s'approcher de moi. Je savais bien qu'ils ne me feraient rien, puisqu'ils en seraient incapables du fait de leur simple force d'humains, mais je m'arrêta quand même, en gardant mon air genre de dire " Je vais te tuer si tu oses me toucher". Le premier s'approcha de moi avant de passer sa main chaude sur mon visage froid puis se dirigea peu à peu vers la poche où se trouvait mon portable. Instinctivement, je me saisis de son poignet avec force et je l'emmena dans une petite ruelle, à l'abri des regards indiscrets. Je le bloqua ensuite contre le mur avant de transformer mon visage. Puis, en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire, je planta mes crocs dans son cou et le vida de son sang. Les deux autres tentèrent de s'enfuir mais je leur barra le chemin, et leur fit la même chose. Je m'essuyais ensuite la bouche avant de sortir de la ruelle comme si de rien était. Je remarqua ensuite le Mystic Grill, beau bâtiment, et décida d'y entrer.

Le Mystic Grill était noir de monde, je regardais partout pour essayer de voir une tête qui m'étais familière, sans succès. Je finis par entrer complètement, me frayant un chemin parmi toutes les personnes qui peuplaient ce magnifique lieu. J'arrivais enfin au bar, et je vis une tête blonde, mais en la regardant, je ne sentais pas l'odeur du sang humain, une seule solution envisageable, elle était un vampire. Je partis donc m'asseoir à côté d'elle en faisant mine d'être normale, comme si elle était une parfaite inconnue. Mais ma curiosité finit par l'emporter, je regarda son visage, et n'en crus pas mes yeux.

-Hazel? C'est toi?

Hazel avait toujours trouvé triste de voir que les jeunes du vingt-et-unième siècle soient obligés de boire jusqu'à l'écœurement pour s'amuser. Bien sur, ce n'était qu'un prétexte pour cacher le fait qu'elle-même mettait beaucoup trop de temps à son goût pour ressentir les effets de l'alcool. Mais ça restait un bon prétexte, songea-t-elle en se frayant un passage à travers un attroupement d'adolescents bruyants et à première vue surexcités qui encombraient l'entrée du bar. Elle en connaissait vaguement quelques uns pour les avoir croisés deux ou trois fois au lycée. Comme en tout bon samedi soir qui se respect, le Mystic Grill faisait salle comble, et Hazel se faufila au milieu des corps chauds jusqu'à trouver un place au bar. C'était un des rares avantages à ne pas être très grande. Un serveur au bord de la crise de nerfs trouva un moment, entre deux clients proches du coma éthylique, pour s'approcher d'elle, l'air épuisé et impatient de rentrer chez lui pour s'écrouler sur son lit. “ Une Vodka Coca. ” Il la dévisagea pendant une demi-seconde, cherchant à savoir si elle plaisantait ou pas. “ Vous avez l'âge ? ” “ Bien sur que j'ai l'âge. ” répondit-elle en dardant sur lui son regard bleu. Et le verre arriva devant elle moins d'une minute plus tard. Avec un sourire satisfait, Hazel en avala plus de la moitié avant de faire tourner distraitement sa bague autour de son doigt. Pourquoi avait-elle décidé de venir ici déjà ? La musique n'en valait même pas la peine. Ah oui. Elle avait épuisé son stock de DVD. En soupirant, elle se demanda comment elle pouvait en être réduite à aller passer la soirée toute seule dans un bar plein d'humains ivres alors que tant de choses intéressante se déroulaient à Mystic Falls pendant la nuit. Jouant avec l'ourlet de sa robe, elle analysa la salle du regard à la recherche d'une tête connue... Et fut surprise de reconnaître un visage qu'elle n'avait plus vu depuis au moins un siècle. Littéralement.

Elle resta quelques secondes à se demander si elle ne rêvait pas, mais non, elle n'avait pas changé. Hazel termina son verre et observa la jeune fille qui, tout comme elle, jetait un regard circulaire sur la pièce et qui, déçue, se dirigea vers le bar. Elle ne semblait pas s'être rendu compte de la présence de la blonde. L'air innocent, cette dernière fit mine de s'absorber dans la contemplation de son téléphone portable, attendant de voir combien de temps la jeune vampire mettrait pour l'apercevoir. La brune finit par s'asseoir à côté d'elle, à priori ne l'ayant toujours pas reconnue, et même sans la regarder, Hazel devinait l'éclair de compréhension qui passait sur son visage quand elle réalisa. “ Hazel ? C'est toi ? ” Elle rangea son portable et se tourna vers la nouvelle arrivante, le visage fendu d'un large sourire. “ Felicia, ça fait tellement longtemps ! Tu n'as pas changé. ” Felicia et Hazel avait été très proches en 1911 et avaient entamé 1912 ensemble, mais Hazel avait du partir alors qu'elle-même ne s'y attendait pas, et n'avait plus revu Felicia depuis. La blonde commanda un autre verre au serveur avant de faire pivoter son tabouret pour faire face à Felicia et lui demander avec un clin d'œil complice : “ Qu'est-ce que tu bois cette fois ? ”

La "jeune" femme avait sorti son portable au moment où je fut arrivée à sa hauteur. Pourquoi? J'en savais rien, mais bon, je n'allais pas m'attarder sur ces détails. Elle n'avait pas changé, ce qui était logique quand on pense au fait qu'elle était un vampire, comme moi. Dès que je lui adressa la parole, je la vit ranger son portable et se tourner vers moi, un large sourire aux lèvres.

-Felicia, ça fait tellement longtemps ! Tu n'as pas changé.

Ah, elle trouvait? C'était vrai, mais bon, c'était un peu normal, car à moins que je me fasse faire de la chirurgie esthétique, je ne changerais pas. Ah de bons souvenirs, sauf la rencontre, où l'on était mal parties. En effet, j'étais encore assez jeune comme vampire à cet époque, et le contrôle n'était pas mon fort. Du coup, Hazel m'avait appris à me contrôler,et je ne le regrettais pas, je ne tuais plus, du moins, pas contre ma volonté. Il m'arrivait encore de tuer de jeunes inconscients qui tentaient de me titiller un peu. Je vis la blonde commander un nouveau verre avant de faire pivoter son tabouret pour me faire face, et me demanda avec un clin d'œil complice.

-Qu'est-ce que tu bois cette fois ?

Je rit légèrement à cette parole, il est vrai qu'il ne fallait pas vraiment que je bois la même chose que lors de notre rencontre, à savoir le sang dans un joli petit cou. C'était tentant, mais non, je me contenterais d'un verre de vodka, j'avais déjà bu le sang de trois imbéciles en venant au Grill, qu'ils reposent en paix. Hazel semblait toujours en pleine forme, encore heureux ! Je lui souris en tournant à mon tour mon tabouret pour me retrouver face à elle.

- Oh que oui ça fait longtemps, toi non plus tu n'as pas changé ! Cette fois ci, je vais me boire une petite vodka. Pas la même chose que l'autre fois, j'ai déjà bu en venant, mais bon, ils l'ont bien cherché...

je regarda brièvement derrière pour voir le monde, en jetant quelques regards dans les cous, mais je me retenais, il le fallait.

-Sinon, quoi de neuf depuis que tu es partie sans rien dire?

Je ne voulais pas jouer la rabat-joie, mais il me fallait des explications, je n'aimais pas rester ainsi dans l'ignorance, ça me dérangeait. Après je sais que je ne ferais pas long feu contre elle, elle était bien plus forte que moi, et puis de toute façon je n'avais nullement l'intention de me battre avec elle.

Aux paroles d'Hazel, Felicia étouffa un petit rire et la blonde ne put s'empêcher de sourire à son tour. “ Oh que oui ça fait longtemps, toi non plus tu n'as pas changé ! Cette fois ci, je vais me boire une petite vodka. Pas la même chose que l'autre fois, j'ai déjà bu en venant, mais bon, ils l'ont bien cherché... ” Hazel aurait bien prit une seconde pour plaindre lesdites victimes, mais même elle aurait trouvé ça risible. Et puis, si Felicia disait qu'ils l'avaient cherché, alors c'était qu'ils l'avaient vraiment cherché. Hazel sourit une nouvelle fois. Elle se souvenait encore de Felicia la première fois qu'elle l'avait vue. Tellement insouciante à tel point que ça en devenait dangereux pour elle et les vampires de son entourage, ne prêtant pas vraiment attention au fait de tuer ou non ses victimes...

FLASHBACK, LONDRES, 21 FEVRIER 1911. Nerveuse, Hazel retoucha pour la énième fois le bustier de sa robe orné d'une cascade de jais noirs. Le corset enserrant sa taille fine, elle se réjouissait de n'avoir guère besoin d'oxygène. A l'exception de deux anglaises blondes qui encadrait son visage, ses cheveux étaient rassemblés en un chignon tressé, où plusieurs perles noires semblables à celles de la robe étaient piquées. Elle était arrivée à Londres la veille, c'était sa première soirée en tant qu'anglaise. Il fallait qu'elle se fonde dans le décor si elle ne voulait pas attirer l'attention. Mais les gens étaient tellement différents, à Londres, elle qui s'était finalement habituée au gouvernement allemand. La politique ne semblait malheureusement pas jouer en sa faveur en ce moment. Inspirant tant qu'elle le pouvait, Hazel vérifia une nouvelle fois son reflet et le chauffeur descendit pour ouvrir la portière. Une cigarette à la main, elle sortit du véhicule. Dès que son pied eu touché le sol, elle entendit les bruits de succion, sur sa droite. Ah, les vampires couraient les rues à Londres également ? En effet, cinq minutes plus tard, une jeune vampire regagna l'assemblée d'un air détaché, se fondant entre les smoking à queue de pie et les parures richement ornementées. Elle devait avoir le même âge physique qu'Hazel, peut être un peu plus vieille, et semblait ne pas s'être rendu compte des imperceptibles tâches de sang qui maculait le tissu de sa robe, mais qui pouvait faire toute la différence. Hazel se promit d'aller lui parler avant la fin de la soirée. En tant que semblable, elle estimait avoir deux mots à lui dire. END FLASHBACK.

“ Sinon, quoi de neuf depuis que tu es partie sans rien dire ?” Tirée de ses rêveries, Hazel secoua légèrement la tête et prit quelques gorgées du second verre qui venait d'atterrir devant elle. Il aurait fallu être sourd pour ne pas percevoir le cynisme dans les paroles de Felicia. Bien sur, Hazel était partie, sans une excuse ni même un au revoir. En repensant au grimoire, en sécurité sous la latte de parquet, chez elle, elle se souvint également des raisons de son départ. Manipuler deux vampires pour voler et leur sang, et les bijoux qui les protégeaient du soleil, ce n'était bon pour personne. Hazel avait toujours su que ces deux-là trouveraient un moyen de se venger. Or, elle tenait particulièrement à sa mort. Et il était préférable de sauter sur un paquebot voué au naufrage pour fuir en Amérique, plutôt que de sa cacher en Angleterre à regarder sans cesse par dessus son épaule. Elle n'avait pas spécialement envie de raconter tout ça à Felicia. Elles avaient beau être assez proches toutes les deux, de vieilles amies, Hazel n'aurait pour rien au monde dévoilé un de ses points faibles. Et de toute façon, très peu de gens savaient qu'elle était un sorcière avant sa transformation. “ Oui... A ce propos, je suis désolée de ne pas t'avoir prévenue, mais tu sais, urgence familiale et tout ce qui suit. ” Elle mit toute sa conviction dans son regard et but une nouvelle gorgée. Hazel avait souvent tendance à se servir des "urgences familiales" comme prétexte. Étant donné que son frère n'avait manifesté aucun signe de vie depuis presque aussi longtemps qu'elle envers Felicia, elle supposait que cela ne lui poserait aucun problème qu'elle se serve de lui comme couverture. “ Enfin, et de ton côté ? Qu'est-ce que tu as fais de tes cents dernières années ? ” Hazel termina son verre, une seconde fois. Ça finissait par devenir déprimant, pour elle et pour son portefeuille, de toujours payer verres sur verres. Mais bon. Elle appuya sa question d'un regard vers Felicia qui signifiait clairement que les raisons de son départ ne seraient pas plus développées que cela, et Felicia n'avait surement aucun intérêt à s'y opposer. Elle avait beau compter pour Hazel, l'amitié avait parfois ses limites, et certains secrets en faisait partie.

Je vis Hazel secouer la tête, elle pensait sûrement à quelque chose au moment où j'avais parler. Elle but ensuite une gorgée de son verre puis me regarda, visiblement un peu gênée. Je n'aurai peut-être pas dû poser cette question, finalement...

-Oui... A ce propos, je suis désolée de ne pas t'avoir prévenue, mais tu sais, urgence familiale et tout ce qui suit.

J'étais tout de même un peu vexée de n'avoir reçu aucun signe de vie, j'étais même allée jusqu'à la croire morte. Bien sûr, ce soir, mes doutes s'étaient envolés. Je savais qu'il en fallait bien plus pour qu'elle meurt. Hazel but une nouvelle gorgée de son verre, avant de continuer.

Enfin, et de côté ? Qu'est-ce que tu as fais de tes cents dernières années ?

A vrai dire, pendant quelques années j'avais continué à voyager, semant des corps sur mon passage, quoique, depuis que j'avais croisé Hazel, je faisais ça discrètement, et je cachais les corps.

Flashback
10 avril 1912, aucun signe de Hazel depuis deux jours, j'étais donc seule dans les rues de Londres, songeant à reprendre mes voyages réguliers. Je décidais de passer le temps, et de m'entraîner encore sur la méthode de chasse que Hazel m'avait apprit. Rapidement, je me trouva une proie: un jeune homme d'une vingtaine d'années, se promenant seul. J'avais envie de lui dire " C'est dangereux de se promener à cette heure ci, seul !" mais je me retins, cela pourrait faire foirer mon plan. Je me dirigea vers lui et l'emmena en dehors de la ville. A ma grande surprise, je n'avais pas eu besoin de forcer. Une fois en dehors de la ville, je m'assurais qu'aucun regard indiscret ne passait par là, puis planta rapidement mes crocs dans le cou de l'homme, buvant son sang lentement, profitant de chaque gorgée comme s'il s'agissait de la dernière. Mais cette dernière, il fallait bien qu'elle arrive un jour. Le moment le plus désagréable lorsqu'on se nourrit: constater que plus une goutte de sang ne passait dans votre gorge. Je lâchais donc la morsure, laissant tomber le corps par la même occasion. Je m'essuyais la bouche, puis ramassais le corps pour aller l'enterrer.
fin Flashback

Je pensais à ma première chasse en l'absence de Hazel. Je sortis simplement de mes pensées avant de me tourner vers elle de nouveau.

- Moi bah... rien, j'ai voyagé, à peu près jusqu'en 1941, oui c'est ça, décembre 1941, j'étais à Hawaï le 7, la guerre a précipité mon départ, puis je suis arrivée ici. Malgré ça, je fais encore quelques voyages, régulièrement.

Je soupirais à l'idée que mon voyage à Hawaï ait été gâché par cette satané guerre. La seconde guerre mondiale, mais à vrai dire, j'avais vécu les deux, ça ne m'effrayais pas, il y avait de nombreuses sources de sang dans les hôpitaux à ce temps là.

Vingt-trois heures trente, heure où lequel le Mystic Grill commençait en général à se vider de ses adolescents bruyants et de ses anciens joueurs d'échecs endurcis. Ne restaient plus que les adultes et jeunes adultes désormais, et la salle diminuait progressivement en volume sonore. Les serveurs et les barmans semblaient s'en soulager, en profitant pour s'asseoir quelques minutes et discuter avec leurs collègues. Une ombre de déception passa sur le visage de Felicia lorsque celle-ci comprit qu'Hazel ne dirait rien de plus. La blonde reporta donc son attention sur son ancienne amie pour lui laisser la parole. “ Moi bah... rien, j'ai voyagé, à peu près jusqu'en 1941, oui c'est ça, décembre 1941, j'étais à Hawaï le 7, la guerre a précipité mon départ, puis je suis arrivée ici. Malgré ça, je fais encore quelques voyages, régulièrement. ” Hawaï... Ça, c'était une destination intéressante. Hazel n'y avait jamais mis les pieds. En fait, elle n'avait pas visité tant d'îles que ça. Le sable blanc, les palmiers... En y réfléchissant bien, ce n'était vraiment pas son style. Elle avait bien trop de retenue pour ça. Hazel aimait les cathédrales gothiques, l'architecture classique et les immeubles new-yorkais. Les villas de luxe face à la mer bleu turquoise ? Très peu pour elle. Elle écouta Felicia finir sa phrase. Le 7 décembre 1941 ? N'était-ce pas le jour de l'attaque de Pearl Harbor ? La jeune fille remercia intérieurement la frise chronologique dans son livre d'histoire. Elle avait toujours eu du mal à mémoriser tous les évènements de la seconde guerre mondiale tant ils étaient nombreux. Elle pianota sur le comptoir. Que faisait-elle en décembre 1941 déjà ?

FLASHBACK, PARIS, 12 DÉCEMBRE 1941. Six heures trente. Hazel était allongée sur son lit, écoutant la radio clamant toujours le monumental bombardement remontant désormais à cinq jours. Une certaine base navale attaquée par l'armée japonaise. La neige avait profité de la nuit pour saupoudrer Paris et les premiers volets commençaient à s'ouvrir, grinçant dans les rues silencieuses. Les roues crissèrent dans le chemin menant à la pension. Et quelques minutes plus tard, les portes s'ouvraient avec fracas, les enfants hurlaient, les femmes pleuraient. Les canons des revolver SS résonnaient dans les couloirs. Hazel éteignit la radio. Elle n'avait pas peur des soldats allemands, nombre d'entre eux avaient déjà péri de sa main. Mais les gens commenceraient à se poser des questions s'ils retrouvaient toute une équipe massacrée. On frappa violemment à sa porte. “ Öffnen sie das tür ! Sofort ! ” Ouvrez la porte ! Tout de suite ! Elle inspira et prit un air mi-innocent mi-impérieux. Hazel était connue comme une aristocrate, les allemands n'avaient aucune raisons de s'en prendre à elle. Elle ouvrit la porte. Quatre militaires pointaient leurs pistolets et fusils vers elle. Elle leva les mains en signe de résignation. “ Ich bin für Hitler. ” Je suis en faveur d'Hitler. affirma-t-elle, usant de son plus bel accent allemand. Mensonge invétéré, bien sur, elle haïssait Hitler. Mais Hazel ferait toujours ce qu'il faudrait pour sauver sa peau. Et il fallait dire qu'être blonde aux yeux bleus était d'une aide précieuse, de temps en temps. Le chef des opérations sembla méditer sa remarque quelques instants avant d'ordonner à ses collègues : “ Lasst sie gehen. ” Laissez-la partir. Et les soldats se dirigèrent vers la porte suivante. En sortit une jeune femme qui ne pouvait s'arrêter de hurler. “ Pas mes filles, je vous en supplie ! Laissez-les ! Laissez-mes filles ! ” Ariane et Louise, deux petites filles blondes de trois et six ans qu'Hazel avait déjà croisées, se cachaient derrière leur mère, silencieuses. Les SS saisirent la mère par les bras et les deux gamines commencèrent à hurler quand ils s'approchèrent d'elles. “ Non ! Ne les touchez-pas ! ” Mais les allemands ne comprenaient pas un mot de français. Hazel réfléchit à toute vitesse. “ Katharina, Franziska ! Aufhören belästigen die nachbarin. Entschuldigen meine schwestern, sehr geehrte herren. ” Cessez d'importuner notre voisine. Excusez mes sœurs, messieurs. Hazel prit les deux enfants par la main, sous le regard brillant d'une reconnaissance infinie de ladite voisine. Hazel regarda alternativement les deux petites filles. La guerre était-elle en train de la rendre douce ? END FLASHBACK.

Ah oui. Impossible d'oublier ce mois de décembre. Hazel voyait encore les yeux verts embués de larmes des deux petites filles. Elles avaient passé presque deux mois avec elle, réalisant lentement que leur mère ne reviendrait jamais. Finalement, Hazel était partie en Irlande et avait confié Ariane et Louise à une famille d'accueil. C'était la meilleure chose à faire. Mais à son grand étonnement, la jeune vampire avait fini par s'attacher aux deux petites françaises. Elle avait surpris une larme rouler sur sa joue en embarquant sur le ferry pour Galway. Elle qui ne pleurait jamais. Jamais. Beaucoup de souvenirs pour une soirée, songea Hazel. “ 1941, c'était une année... soupira-t-elle, J'aurais donné n'importe quoi pour avoir été à Hawaï plutôt qu'à Paris. Les rues se vidaient un peu plus chaque jour, c'était presque s'il n'y avait pas plus d'allemands que de français. ” Elle leva les yeux au ciel. Imbéciles d'allemands. Finissant son deuxième verre, elle retira son perfecto en cuir noir et le posa sur le dossier de son tabouret. “ Bon, sérieusement. Si tu es à Mystic Falls depuis longtemps, dis-moi qu'il se passe des choses intéressantes de temps en temps, parce que ça va bientôt faire un an que je suis là, et je commence déjà à penser à repartir. Je m'ennuie. ”

Elle semblait étonnée que je me sois trouvée à Hawaï ce jour là. Il fallait dire que la chance n'avait pas vraiment été de mon côté. Je n'étais pas dans la base de Pearl harbor à ce moment là, mais je n'en étais pas très loin.

flashback
7 décembre 1941, Hawaï. Je me promenais comme chaque matin dans les belles campagnes du coin, parlais de temps à autres avec quelques fermiers. Cette journée s'annonçait tranquille, j'avais entendu dire que la guerre en Europe n'évoluait pas tant que ça, les Allemands occupaient toujours la France. Ah, saletés d'Allemands, Hitler était prêt à faire n'importe quoi pour agrandir son pays. Il était clair que si je le voyais, je ne manquerais pas de le tuer. Je fut soudainement sortie de mes pensées par un gros vacarme. Je regardais dans la direction d'où venait le bruit, et je vit des dizaines, voir une centaine d'avions. Quand ils passèrent au dessus de moi, je constatais qu'ils n'étaient pas américains, c'était des japonais. Que venaient faire des japonais dans ce coin? Je savais qu'ils étaient des alliés des allemands, donc ils ne venaient sûrement pas signer un traité de paix. Une idée inquiétante me vint à l'esprit: ils nous attaquaient. Et cela s'avéra juste, dès qu'ils furent arrivés au niveau de la base militaire de Pearl harbor, je les vis larguer leurs bombes et leurs torpilles. Ensuite, je vis des nuages de fumée venir du sol. Je commençais à marcher vers là bas, pour voir de plus près, mais je renonça. Une explosion de bombe pouvait me tuer, et il y aurait sûrement du sang, beaucoup de sang. Même en ayant appris à me contrôler, avec tant de sang, ce serait mission impossible. Je me ravisa donc et contempla à distance, et avec horreur, la destruction de la base. Je vis maintenant un avion endommagé se diriger droit sur moi, il se préparait à atterrir. Je me mis donc une idée en tête: le pilote japonais allait me servir de petit déjeuner. En effet, je n'avais pas bu depuis la veille à midi, et j'avais soif. Une fois l'avion posé, je marchais vers lui. Je vis le pilote descendre et pointer son arme sur moi, je ris, puis arriva derrière lui avant de le mordre dans le cou. Je l'entendis crier et avec ses mots incompréhensibles, je crus d'abord qu'il me suppliait d'arrêter. Je regardais devant lui, et le vit avec une radio à la main. La réalité s'imposait, il avait appelé ses alliés. Je devais donc fuir avant que d'autres japonais ne surgissent. Je vidais rapidement le japonais, puis partis.fin flashback

Cette journée avait été pour moi un cauchemar, je ne voudrais en aucun cas revivre ça. Quand ce pilote avait appelé ses supérieurs, j'avais eu la peur de ma vie de vampire. Je fut ramenée à la réalité par Hazel.

-1941, c'était une année... Elle s'arrêta un bref instant où elle soupira,puis reprit.J'aurais donné n'importe quoi pour avoir été à Hawaï plutôt qu'à Paris. Les rues se vidaient un peu plus chaque jour, c'était presque s'il n'y avait pas plus d'allemands que de français.

Elle avait raison sur ce point: Après l'attaque de Pearl Harbor, il ne s'était plus rien passé à Hawaï, mais il ne s'était rien passé non plus sur le continent américain. Les japonais aurait été stupides de venir attaquer une ville américaine, les défenses auraient été au maximum. Les américains, eux, ont bien attaqué le territoire japonais, mais c'était après considérablement avoir affaibli leurs défenses. Plus de navires, les quelques avions qu'il leurs restait, les japonais les gaspillaient dans des attaques kamikazes inutiles, ils étaient stupides.

Flashback
8 juin 1944. J'étais arrivée en France, je restais tout de même cachée, car les allemands disposaient de lance-flammes, et qu'ils pouvaient me tuer avec ça. Ceci dit, j'avais entendu dire que les américains avaient lancé un débarquement en Normandie il y a deux jours, et pas un petit. Ce que j'étais certaine, c'est qu'ils allaient réussir. Ils étaient largement supérieurs en nombre, enfin, c'était ce qu'ils disaient dans le journal et à la radio. Des "anges gardiens" selon les résistants français, mais bon, les américains pouvaient et allaient réussir, de toute façon s'ils rataient, la France deviendrait réellement allemande. Moi, je serais restée américaine, j'aurais tué allemands sur allemands, ces enflures, ils devaient mourir. J'avais drôlement envie d'aller voir le débarquement, mais je me dis que finalement, même pour un vampire, c'était risqué. Des boules de feu tombaient du ciel, des lances flammes étaient au sol, non, si j'y allais, je finirais morte. Mais j'en avais envie, même si aller derrière les lignes allemandes pour observer n'étais pas plus sécuritaire. En effet, les allemands avaient tendance à tuer même les civils...je me résigna donc et écoutais l'évolution à la radio.fin flashback

Finalement, mon intuition ne m'avait pas trompée, les américains avaient gagné, et la France avait été libérée. Je reportais mon regard vers Hazel, après ses paroles, elle leva les yeux au ciel et termina son verre. Ensuite, elle retira son perfecto en cuir noir et le posa sur le dossier de son tabouret, avant de me parler de nouveau.

-Bon, sérieusement. Si tu es à Mystic Falls depuis longtemps, dis-moi qu'il se passe des choses intéressantes de temps en temps, parce que ça va bientôt faire un an que je suis là, et je commence déjà à penser à repartir. Je m'ennuie.

A ce niveau là, elle avait marqué un point, il ne se passait pas grand chose à Mystic Falls...

- Il y a la fête des fondateurs, une fois par an, mais c'est vrai qu'il ne se passe pas grand chose ici, c'est pour ça que je pars régulièrement en voyage...

Spoiler:

Distraitement, Hazel se demanda ce que Felicia avait pu ressentir, si près de la base de Pearl Harbor au moment de l'attaque. Elle en avait vu, des guerres, tout au long de sa... vie, mais jamais d'aussi importantes. C'était surement impressionnant, même pour un vampire. Quoi qu'il en soit, Hazel avait passé d'excellentes années depuis la fin de cette guerre. Trop de cadavres et de bilans morbides, ça devenait lassant, et elle avait été plutôt soulagée une fois la paix rétablie sur presque toute la planète. Le vingtième siècle était incontestablement celui qu'elle préférait. C'était beaucoup plus facile d'y vivre sa vie sans se prendre la tête. Elle se rappelait encore combien il avait été difficile de cacher sa nature, dans certaines villes. Quelques fois, elle avait même failli y rester.

FLASHBACK, HAVERHILL, 21 FEVRIER 1693 - La foule de villageois rassemblée autour de la potence assaillait Hazel de mauvais souvenirs. Elle ne se rappelait que trop bien du jour où les florentins s'étaient rassemblés sur la place principale pour la voir exécutée. D'après la rumeur, la garde de la ville avait intercepté une nouvelle sorcière ; personne ne savait qui était la malheureuse élue, mais c'était presque une habitude de se rassembler devant la potence dans l'attente du procès. Hazel ne pouvait s'empêcher de s'y rendre elle aussi, à chaque fois. Et chaque fois elle culpabilisait de rester sans rien faire à regarder les pieds de ces pauvres gens innocents se balancer dans le vide. La foule s'agita soudain et toutes les têtes se tournèrent d'un même mouvement. Hazel rabatit sur ses boucles blondes le capuchon de sa cape grenat et se hissa sur la pointe des pieds pour essayer de distinguer la condamnée dans l'obscurité de la nuit tombante. Et elle reconnut instantanément Alice Warren, une véritable sorcière, et une amie avec qui Hazel avait plusieurs fois collaboré. Cernée de gardes armés, elle fut conduite sur la potence et l'un d'eux déroula un parchemin. “ Alice Warren, vous êtes accusée de pacte avec le Diable et de sorcellerie. Les témoins, Prudence Goddwin et Lillian Perkins ici présentes affirment avoir déjà subi de votre main des sorts impliquant l'utilisation de flambeaux et de grimoires. Vous serez condamnée à mort par pendaison, votre peine pourra être atténuée si vous apportez votre contribution au salut de Hiverhill en dénonçant certains ou certaines de vos complices. ” Alice regarda longuement la corde nouée à hauteur de ses yeux. Elle inspira profondément, scruta la foule devant elle. Et tendit le bras, le doigt pointé en direction d'Hazel. Tout le monde se tourna vers elle. L'espace d'une demi-seconde, Hazel dévisagea la traîtresse et, alors que trois gardes quittaient la potence pour courir vers elle, elle courut à son tour, si vite qu'on eut l'impression de la voir disparaître dans la nature. END FLASHBACK

Mais désormais, les vampires et les sorcières, ce n'étaient que des contes de fées. Ils n'existaient que dans les rêves, dans les histoires. Les yeux errant sur la salle, Hazel espérait vraiment une réponse positive de la part de Felicia. Mystic Falls était une ville accueillante, certes, mais ce n'était ni New York, ni Paris, et on en avait vite fait le tour. Il y avait malgré tout quelques histoires impliquant vampires, sorciers et loups-garous qui pouvaient s'avérer amusante, d'autant plus qu'Hazel avait entendu dire que plusieurs originels étaient en ville. “ Il y a la fête des fondateurs, une fois par an, mais c'est vrai qu'il ne se passe pas grand chose ici, c'est pour ça que je pars régulièrement en voyage... ” Le crédo des vampires : partir, partir, partir... Deux ans, trois ans, avant de disparaître une nouvelle fois. Parfois, c'était fatiguant, de ne jamais se poser, de ne pas avoir de chez soi, de foyer où se réfugier. Hazel retournait souvent à Venise, mais la maison où elle avait grandit avait été détruite depuis longtemps. A la place, il y avait maintenant une hôtel particulier occupé par elle ne savait trop quel mafieux italien. Pas vraiment le genre d'endroit où elle irait avec le sourire. Hazel revint sur le début de la phrase de Felicia. La fête des fondateurs ? Ah oui, elle en avait déjà entendu parler. Le genre de soirée mondaine incluant toutes les grandes familles, typiques des petites villes. Ça, ça pouvait être intéressant, si tant est qu'on y trouvait les bonnes personnes. “ C'est déjà ça.... Et sinon, j'ai cru comprendre que ce n'était pas les vampires qui manquait. Ça et les sorciers et les loups-garous, ça ne doit pas être facile à cacher à toute la ville, non ? ”