Stefan passa la journée, affalé sur le sofa du salon de la pension des Salvatore, la tête aux pensées. Il se souvenait de chaque passage de sa vie, lorsqu’il n’avait plus d’humanité, ou plutôt qu’elle avait été enfouie en lui après sa transformation. Il était tout nouveau, un jeune vampire et c’était donc à peu près normal qu’il goût aux délices de la tentation qu’est le sang humain. En ce temps-là, certes l’humanité avait été minime mais présente et heureusement pour lui, Lexi fut là pour le sauver, ce qui avait été une bonne chose pour le jeune homme. Peut-être serait-il encore pire à l’heure qu’il est si elle n’était pas intervenue dans la vie du jeune homme. Stefan serait peut-être en train de boire une bière avec notre cher Klaus, il serait certainement en train de blaguer avec ce dernier et de rire à gorge déployée comme de bons vieux amis, imaginez les deux meilleurs amis. Non, il chassa cette pensée, et dire que c’était ce qu’il avait été dans les années 20, un homme qui avait aimé s’amuser mais s’amuser avec Klaus, quelle horreur en y repensant !

Stefan se leva enfin du canapé, la journée touchait presque à sa fin, nous étions en fin d’après-midi alors que les jeunes sortaient de cours et de nombreuses personnes sortaient de leur travail dans l’espoir de pouvoir rentrer chez eux enfin. Heureusement pour ces personnes-là, Stefan n’était pas d’humeur à attaquer qui ce soit et se contenta de se diriger vers un des bars de la ville outre le Mystic Grill. Il ne prit pas la peine de prendre sa voiture et préféra marcher vers le centre-ville. Il se souvint que lorsqu’il était encore humain il préférait marcher à pied plutôt que de se rendre en voiture ou à cheval simplement. Enfin, le mot voiture est vraiment déplacé lorsqu’on voit les engins qui sont fabriqués désormais. Stefan se rappelait sa jument, Mezzanotte, avec laquelle il avait passé une partie de son enfance et de son adolescence. Il était triste en y repensant, il aurait préféré qu’elle aussi devienne éternelle et le suive dans toutes ses aventures. Elle avait été un brave compagnon.

Il marcha pendant près d’une demi-heure avant d’entrer dans le premier bar qu’il trouva. Là, il ouvrit la porte et fut surpris de constater qu’il n’y avait pas grand monde. Il fit un bref signe de tête au barman avant de plonger une de ses mains dans la poche de son jean en quête d’un peu d’argent pour se payer un verre. Il s’assit au comptoir, commanda un verre avant que son regard ne se dirige vers une personne qui était seule à une table. Stefan allait tourner sa tête lorsqu’il se souvint. Cette jeune fille lui était bien loin d’être inconnue, oui c’était sa cousine, cette petite qu’il avait gardée alors qu’elle était un bambin encore. Il secoua la tête, son humanité essayait beaucoup trop de percer ces temps-ci et cela ne lui allait vraiment pas. Il se mit à boire une gorgée de son verre, continuant de regarder la jeune fille, il n’osait guère s’approcher d’elle, se demandant surtout ce qu’il pourrait bien lui dire. Et pourtant, il aimerait tant savoir ce qu’elle est devenue.

Stefan avait du mal à détacher son regard de la jeune fille. Il était persuadé qu’il s’agissait de sa cousine Stelena, cette fille qu’il n’avait pas vu depuis tant d’années. Il se souvenait de tant de bons moments avec elle, après tout c’était lui qui l’avait gardée alors qu’elle était petite, il l’avait gardée jusqu’à ses cinq ans. Elle avait donc bien connu le jeune homme qui s’était inquiété de sa petite cousine avant qu’il ne doive partir une nouvelle fois. Il avait souffert d’avoir dû lui effacer la mémoire car après tout, Stelena était peut-être la seule famille qui lui restait. Stefan regrettait tant de choses désormais, comme d’avoir éteint son humanité. Après tout, Katherine avait raison : cette humanité revenait toujours à grands pas dans la vie d’un vampire et même s’il tentait de s’en débarrasser, elle reprendrait le dessus un jour ou l’autre. Stefan n’avait d’une part pas vraiment envie de la laisser revenir dans sa vie et de recontrôler son esprit comme elle l’avait fait d’antan. Mais d’une autre part, Stefan était conscient que s’il ne la laissait pas revenir dans sa vie, cette humanité, il perdrait toutes les personnes auxquelles il tenait le plus telles que Elena, Damon et peut-être Stelena, quoiqu’elle ne devait pas être au courant de toutes les histoires qui accablaient son cousin et c’était peut-être mieux ainsi.

Alors que Stefan continuait de la regarder, reconnaissant chaque trait de son visage, malgré qu’elle ait grandi et qu’elle soit devenue une belle jeune fille, il savait que cette jeune fille le trouvait certainement familier mais il devait savoir si elle avait recouvré ces souvenirs passés ou que au contraire elle vivait avec un sentiment agaçant de ne pas savoir ce qui se passait avec lui. La jeune fille leva la tête vers lui et Stefan n’ôta pas son regard de la jeune fille comme hypnotisé par tant de souvenirs passés en sa compagnie.
Stefan prit alors son verre dans sa main droite et se dirigea vers la jeune fille. Il s’approcha de la table se demandant encore comment il allait l’aborder mais il s’assit, se retrouvant face à elle. Alors il pouvait regarder son visage, des traits de jeunesse y apparaissait mais elle était vraiment belle, aussi mignonne que lorsqu’elle était petite et courait partout dans son appartement à la recherche de la dernière bêtise à faire. « Excuse-moi, je suis impoli, je m’assois sans te le demander. Je ne te dérange pas ? » lui dit-elle en la regardant droit dans les yeux, recherchant une quelconque réaction chez la jeune fille.

Stefan avait enfin osé s’avancer près de la jeune fille et remarqua qu’il s’agissait là de sa cousine, oui c’était belle et bien elle qui se trouvait assise devant cette table. Si elle se rappelait de lui et de ses moments passés ensemble, Stefan n’aurait pas hésité à lui lancer une remarque telle que « Tu te fiches de moi Stelena, un verre de vodka ? » Mais il n’en fit rien, que pouvait-il bien faire ? S’il faisait cela, il serait grillé. Oui, car au bout d’un moment ses souvenirs referaient surface et en plus, si cela n’était pas le cas, elle le prendrait pour un fou car de un, il connaissait son prénom, chose qui lui ferait peur et de deux il se permettait une réflexion, chose totalement déplacée surtout lorsqu’on est censé ne pas connaître la personne en face de soi.

Enfin, toujours utile que Stefan s’avança vers la table avec le peu d’humanité qui lui restait même si cette dernière refaisait de plus en plus surface dans la vie du jeune homme. Tout était allé si vite et était si étrange. Lorsqu’il voyait cette lueur d’espoir dans les yeux d’Elena et voyait que cette lueur s’éteignait peu à peu, il ne voulait pas la perdre mais était conscient que cette attitude qu’il adoptait, éloignait toutes les personnes auxquelles il tenait. Heureusement pour lui Stelena ne l’avait pas revu depuis tant d’années, depuis ses trois ans pour être exact et elle ne le connaissait plus, elle ne savait même pas son nom à dire vrai. Stefan lui avait littéralement effacé la mémoire pour éviter qu’elle ait connaissance du vampire. Il se dit qu’avec elle il pourrait jouer franc jeu et ne pas vêtir ce costume du Stefan méchant et sans pitié dont toute humanité l’a quitté. Non. Certes, son comportement avait changé, on ne pouvait rien là-dessus, il était devenu comme son frère à faire des remarques ironiques et à parler avec des sous-entendus à presque chacune des phrases qu’il prononçait, mais que pouvait-il à cela désormais ?

Comme tout homme poli, Stefan s’était avancé vers la jeune fille et lui demanda s’il ne la dérangeait pas. « Non vous ne me dérangez absolument pas… » lui répondit-elle. Stefan vit qu’elle fixait la bague en lapis lazuli qu’il portait toujours avec lui, cette bague qui lui permettait de marcher au soleil parmi les vivants. Il passa son autre main devant sa bague afin de la cacher. Il remarqua cependant que la jeune fille portait le collier qu’il lui avait offert lorsqu’elle était petite. Stefan n’en pouvait plus de tous ces souvenirs qui remontaient peu à peu. Cela lui faisait rappeler à quel point il avait été adorable autrefois. Ne voudrait-il pas redevenir cet homme-là ?
La jeune fille reprit la parole. « Je m’appelle Stelena Marie, mais on m’appelle Stelena… » Stefan sourit, comme s’il ne savait pas comment elle s’appelait… Il lui répondit cependant : « Enchanté Stelena, quel joli nom. Je m’appelle Stefan. » se contenta-t-il de dire en omettant de préciser son nom de famille. A vrai dire il n’y tenait pas vraiment. « N’es-tu pas un peu jeune pour boire de la vodka ? Surtout dans ce genre de bar… » dit-il en fixant le barman qui semblait être légèrement intéressée par sa cousine. Ce dernier détourna les yeux lorsqu’il vit les prunelles menaçantes du vampire.